Hashi from PATH (3) by Antonella Eye Porcelluzzi & INNOCENT BUT GUILTY
Tracklist
3. | Hashi | 9:17 |
Lyrics
A’ quatre pattes par terre, les yeux fermés Hashi chantait. Il commença par fredonner comme un oiseau puis sa voix entama une étrange mélopée à voix basse, un chant tel que personne n’en avait jamais entendu de pareil : c’était La Ballade de Saint-Guy qu’il avait composée dans l’ilot de la drogue.
Niva avait la chair de poule en l’écoutant. La voix de Hashi semblait lui parvenir de l’autre côté d’une fine membrane tirée dans un crin léger, son chant emplissait la piece. Les ondes sonores, malgré leur faiblesse, collaient à la peau de ceux qui les écoutaient, comme si elles pénétraient, non pas par les conduits auditifs mais par toutes les pores de la peau, et allaient se mêler au sang. L’atmosphère stagnante et enfumée du bar semblait s’épaissir d’instant en instant. Quand l’air fut épais comme de la confiture, Niva sentit remonter du fond d’elle même un souvenir oublié qu’elle tenta de combattre. Elle essayait de l’effacer, mais le paysage revenait flotter malgré elle dans sa tête. Ou plutôt elle avait la sensation d’être entraînée à l’intérieur des circuits nerveux liés à un souvenir précis, d’être soudain aspirée à l’intérieur d’un film qui se déroulait sous ses yeux. Un paysage au crepuscule. Un tramway qui roulait dans le crepuscule, tandis que les derniers rayons orangés fondaient dans la nuit bleu sombre. Niva secoua la tête, fit le tour de la salle des yeux. Plus personne ne bougeait. Le pianiste, tete baissées, tremblait de tous ses membres. Il faut l’arrêter se dit NIva. Rassemblant tout son courage, elle s’approcha de Hashi, lui mit la main sur la bouche. Surpris Hashi la mordit, se débattit, se roula par terre puis il sombra dans l’inconscience, en murmurant dans un soupir : Je suis un minable !