Géographie from Contreforts by L'1consolable
Tracklist
6. | Géographie | 5:33 |
Lyrics
Contreforts ouest du Vercors, j’esquisse un zeste du décor,
là où les montagnes ont depuis un bail vu les luttes éclore,
d’puis l’temps qu’il n’pleut plus des cordes, qu’l’eau manque
pour feuillus et flore,
qu’l’été est redouté et qu’l’eau provoque les mêmes ruées
qu’l’or,
où la chasse a connu l’essor qu’on sait mais revenus des
morts
conséquemment les loups ont su comment v’nir mettre du
del-bor,
les chasseurs, déçus, l’déplorent, les éleveurs émus
l’déplorent,
pour dire ça vite et clore l’chapitre tous les trous du cul
l’déplorent !
Pour eux c’est un refus, c’est hors
de question qu’le gibier qu’ils comptaient tuer -ils s’y sont
dédiés corps
et âme- d’autres qu’eux l’tuent l’dévorent,
tu sais l’genre d’abruti qui armé d’un fusil s’est cru très fort,
un bon chasseur est hors d’état d’nuire ou bien déchu et mort,
les monocultures essorent la plaine, exténuent les sols,
des champs d’noyers à perte de vue la noix est dev’nue
l’trésor
local, les pesticides au calme tuent, pourvu qu’les ténors
de l’ancien monde soient tous exterminés par une météore,
à peine venu j’étais hors de moi parmi les nuisibles,
espèces haïes en leur pays qu’ils mettent à prix et qu’ils
ciblent,
je réclame avec renards et loirs tous les droits exigibles,
depuis l’promontoire d’nos montagnes la destruction est
visible,
leur stratégie est lisible, leurs agissements prévisibles,
toujours plus de béton et de gestion humaine des sites-cibles,
ils se pensent indispensables, leur argutie est risible,
z’enfouissent la tête dans l’sable à des profondeurs indescriptibles
!
Refrain:
Comme je sais bien qu’il n’vaut rien j’ai pas d’mandé
votre avis,
parmi nuisibles et vauriens j’fais ma propre
ethnographie,
vous direz aux historiens qu’loin du marché on a fui,
j’suis vertacomicorien pour ce qui est d’ma géographie !
Exilé d’mon Paname natal que l’béton avale,
je dûs me sentir à l’aise près des falaises de Combe-Laval,
changeant de hauteur de vue, alternant amont, aval,
le vent caresse la forêt de feuillus par de longues rafales,
j’écoute quand la montagne parle la langue de ses résidents :
aigle royal et buse variable, pie bavarde, bondrée, milan,
une soif d’apprendre insatiable j’m’imprègne de ces résistants,
redeviendrai-je l’enfant qu’j’n’ai jamais été après mille ans ?
Le trouble s’épaissit quand le temps semble être hésitant,
l’monde qui s’obstine est flippant et on peine à trouver l’suivant,
l’pouvoir d’nuisance est puissant, z’en veulent à tout ce qui
est vivant,
les loups savent bien qu’les chiens hésitent entre la niche et
l’divan,
y’a ce qui s’achète et ce qui s’vend, puis y’a la crête et puis
l’vent,
il y a l’tourisme, la chasse, et tout un tas de sujets clivants,
y’a les cachettes, les p’tits sentiers qu’on trouve en dérivant,
en suivant les traces laissées par une harde de biches et puis
d’faons,
les décideurs décidant, ils appellent Tony Parker,
loisirs, parkings et ciment : leur recette on la connaît par coeur !
L’enneigement est déclinant, le réchauffement évident,
mais ils chausseront les skis tant qu’ils l’pourront, ça j’en ai
bien peur !
La montagne est sur ses gardes, elle sait que l’hubris les voue
à poursuivre sans égards pour tout ce que détruisent ces fous,
au nom d’c’que subissent les renards, au nom d’c’que subissent
les loups
on se prépare : nuisibles de tous les milieux, unissez-vous !
Refrain
Entre la Bourne et la Lyonne, la Vernaison et l’Cholet,
on peut entendre en tendant l’oreille la voix des forêts,
les cris de ceux qu’ils baillonent, ils s’sont dit qu’ils les
auraient,
pour nous l’heure du combat sonne vu qu’c’est nos rêves
qu’ils dévoraient !
Le geai des chênes donne l’alerte, tous s’y mettent l’instant
qui suit,
les corneilles dans leur dialecte la prolongent et l’amplifient,
les aboiements s’entendent d’ici, toute la forêt identifie
ces fusils que l’Homme glorifie, si tu les croises fous l’camp,
vite, fuis !
Entre la montagne de l’Arp et celle de l’Echarasson,
dans un massif des Préalpes qui réclame réparation,
au nom des sols et des nappes, des bêtes chassées par
«passion»,
je rappe les voix qui échappent et prendrai l’problème à
bras l’son
comme au col de la Bataille que des tonnes de motards
assaillent,
on leur fait des promontoires au cas où l’endroit en soi n’soit
pas d’taille,
couler du béton partout, c’est à ça qu’ici on travaille,
ces gens n’ont pas tous beaucoup d’jugeote -mais ils ont
d’la maille-,
des belvédères en métal, c’est leur idée d’avant-garde,
au Conseil Départemental ça leur semble fondamental,
ensemble nous les affrontâmes ces politques lamentables,
ces grands projets qui s’trament dans l’Parc pourvu
qu’ils soient rentables,
c’est à la genette commune que l’mont
Vanille doit son calme,
à force d’alliances et de luttes, il n’y a qu’à
ce compte-là qu’on gagne,
j’me r’lève à chaque fois qu’je chute,
belettes et loups m’accompagnent,
que tous les motards s’en aillent !
Chut: j’écoute la montagne !
Refrain