REFRAIN
E que ‘quò chanta, e ‘quò trilha, e ‘quò bralha,
E totjorn los mesmes au trabalh.
Si deman, lo jalh chanta pas,
Sabe que lo solelh levarà !
Neuf corbeaux qui graillent là-haut,
À se demander qui est le plus gros.
Les as-tu vus comme ils sont beaux ?
Huit vautours dépiautent de vieux os,
Ils se disputent leur part du gâteau.
Pas question d'en lâcher un morceau !
Sept mainates qui parlent et qui s’entêtent,
Qu’importe le propos, sans cesse le répètent,
Orientant les mots des faits qu’ils interprètent.
Six gros jars surveillent et regardent,
C’est pour protéger qu’ils cacardent et cagnardent,
L’oiseau migrateur qui n’est pas sur ses gardes.
Cinq goélands qu'on voit venir au loin,
Ils pleurent en boucle sur un vieux refrain :
“C'était mieux avant, aujourd'hui ça vaut rien !”
Trois pics verts picassent le bois mort,
Huit à dix heures par jour, ils redoublent d’effort.
Pour combien d’années picasseront-ils encore ?
Deux autruches gémissent et s’enterrent,
Plus les faits sont précis, plus elles pensent le contraire.
Le monde est plus beau avec des œillères !
Un perdreau qui vole et qui réclame,
Fait chanter les autres pour éviter le blâme.
Il sauve ses plumes sans assumer le drame.
Combien de pigeons roucoulent leurs miettes,
Sans jamais savoir ce qu’il y a dans l’assiette ?
À la fin du repas, ils n’auront que des dettes.
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Traduction
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Et que ça chante, et que ça trille, et que ça braille,
Et toujours les mêmes au travail.
Si demain, le coq ne chante pas,
Je sais que le soleil se lèvera !